Salut tout le monde ! Comme je n'ai pas fait grand chose ces temps-ci, je vous propose un poème que j'ai proposé a Short Edition, mais qui a été refusé. Le but était de faire un poème en "ver", c'est à dire avec tous les vers qui terminent par le son [ver]. Et en alexandrin en plus !
Voici la drôle d'histoire d'un vieux pivert
Au remarquable plumage couleur blanc-vert
Qui, au cours d'un soir tant froid que brumeux d'hiver,
Dans une imposante forêt à découvert
Sur la neige, recouvrant rose et primevères,
Un magnifique miroir posé de travers.
À son pied tremblotait un minuscule ver,
Lassé de ce froid, il s'adressa au pic-vert :
« L'hiver n'est pas dur pour vous, piverts et colverts,
Vous êtes de votre plumage recouvert.
Mais moi, j'ai extrêmement froid et il s'avère
Que j'accepterais volontiers un pull-over »
Mais l'oiseau n'écoutait pas le discours du ver,
Trop intrigué par ce miroir de couleur vair,
Le scrutant alors d'un air drôlement sévère :
Que se cache-t-il vraiment derrière ce verre ?
C'est alors que le petit ver, qui persévère,
Teint ces mots habiles et malins au pivert :
« Sais-tu de ce plaisant miroir qu'en sont revers,
Il renfermerait en fait tout un univers.
Il donnerait donc selon la légende, vers
Un autre monde parfait aux bonheurs divers,
Où toute l'année l'été remplace l'hiver,
Où on ne peut trouver chasseur ni revolvers.
Mais ce monde seulement te sera ouvert
Si tu m'offres ces plumes dont tu es couvert »
La proposition séduisait le pivert
Qui, tenté par l'idée d'un monde sans calvaire ,
Légua au petit ver son chaud plumage vert,
Sans comprendre qu'il la lui faisait à l'envers.
Et depuis ce très étrange et froid soir d'hiver,
Entre Bolets, clavaires, cèpes et Volvaires,
Un vieux et malheureux pivert, nu comme un ver,
Aussi fou que naïf, sinistre que hâve, erre.
Devant un grand miroir il cherche un univers,
Un univers sans aucun calvaire... Et sans vers.